Selon une étude de Poore et Nemecek, le café conventionnel est la 6ᵉ matière agricole la plus émissive. Juste derrière le fromage, le bœuf et le chocolat. En moyenne, l’empreinte carbone d’un paquet d’un kilo de café est de 17 kg de CO₂.
Dans le même temps, le café est directement impacté par le réchauffement climatique et menacé par les dérèglements qui en découlent. Un serpent qui se mord la queue, et qui va nous forcer à repenser nos modes de production et de consommation du café.
Moins de rendement, moins de surface d’exploitation, plus de difficulté de production : voyons ensemble les dangers qui pèsent sur le café.
Le changement climatique réduit les espaces de culture du café
Première et principale conséquence : la diminution des surfaces de production, directement liée à l’augmentation des températures.
Étant une culture extrêmement sensible au climat, le caféier -notamment Arabica- nécessite des températures modérées et peu d’écart de température tout au long de l’année. Ces conditions idéales se retrouvent davantage en altitude, où les températures sont stables.
Avec la crise climatique, nous observons une hausse des températures et des écarts de température de plus en plus prononcés. Par conséquent, les caféiculteurs sont contraints de cultiver à des altitudes toujours plus élevées pour retrouver des conditions similaires à celles d’avant.
Mais plus on monte sur les flancs de montagne, plus la superficie cultivable diminue et se complexifie (comparable à une pyramide). Et même pour les cultures plus basses (Canephora / Robusta), les zones exploitables vont réduire d’année en année.
Climat instable = caféiers en danger
La culture du café exige également une bonne humidité, et des pluies raisonnables mais régulières. Felipe Croce, caféiculteur brésilien, alarme à juste titre de la situation catastrophique au Brésil (premier producteur de café au monde) dans une lettre ouverte relayée par Belco, notre fournisseur de café vert.
Les sécheresses extrêmes et prolongées, combinées parfois à des pluies bien trop importantes et dérégulées, sont les pires ennemis de la caféiculture :
- ils empêchent une bonne floraison et une bonne nouaison (transformation de la fleur en cerise de café) ;
- ils aident à la prolifération des nuisibles et maladies ;
- ils rendent la récolte extrêmement pénible, voire dangereuse.
Un café plus rare, plus complexe à cultiver, plus sujets aux maladies, et souvent moins productifs… Le tableau n’a rien de réjouissant.
Le prix du café directement impacté
Cette perte considérable de surfaces cultivables est chiffrée : on estime qu’en 2050, environ 50% de ces surfaces de culture du café auront disparu. En parallèle, la demande ne fait qu’augmenter (environ +5 % par an). La loi du marché étant ce qu’elle est, les prix risquent de continuer de grimper d’années en années…
Car quand il y a moins de café disponible, mais que plus de consommateurs en veulent, l’inflation est difficile à contrer (surtout lorsque les gros importateurs de café anticipent les pénuries et font des sur-stocks, ce qui déséquilibre encore plus la balance). Nous l’avions déjà attesté en 2023, et cela risque d’être de plus en plus le cas.
Quelles alternatives pour faire face ?
Consommer en conscience
- Favoriser les cafés issus de l’agriculture durable, raisonnée et éco-responsable (ce qui n’équivaut pas forcément à acheter uniquement des cafés bios) car ce sont les seules qui pourront faire face au dérèglement tout en ne l’empirant pas.
- Oeuvrer pour l’importation de café en voilier, un mode de transport décarboné à 90% mais encore trop rarissime.
- Privilégier les cafés en sourcing direct auprès des producteurs, pour les soutenir concrètement et les aider à financer des transitions vers l’agro-foresterie par exemple, ou tout autre plan d’adaptation aux nouvelles conditions de récolte et culture.
Agir au niveau légal et européen
Début 2025 devait marquer l’arrivée de l’EUDR, une initiative européenne de lutte contre la déforestation importée. L’objectif est d’interdir l’import en Europe de produits issus d’une agriculture intensive, grâce à des amendes voire des interdictions de marchés pour les entreprises ne pouvant pas prouver que leurs productions n’a pas augmenté la déforestation.
Problème ?
- ce sont des processus très compliqués et longs pour se mettre en régularité, tant pour les importateurs que pour les producteurs.
- fin octobre, une motion a repoussé l’entrée en vigueur de l’EUDR à début 2026, soit 1 an de délai de plus… on n’y est donc pas encore.
Le Robusta, une alternative à revaloriser ?
Souvent, le café Robusta (de l’espèce Canephora) est perçu comme moins qualitatif . Pourtant, il en existe de très bons crus, et il est important de ne pas tomber dans un snobisme primaire. Je vous conseille cet interview très pertinent sur le sujet !
Robusta et Arabica ont chacun leurs spécificités et atouts, le second étant notamment plus difficile à cultiver comme on vient de le voir. Les caféiers Arabica étant plus fragiles, ils sont en première ligne des conséquences du changement climatique.
Se ré-interesser au Robusta, apprendre à bien le cultiver, bien le torréfier et bien le déguster est un chemin enthousiasmant & qui permettra de faire mieux face à l’avenir et à la raréfaction des 100% arabica !
Pour aller plus loin
- La production de café menacée par le réchauffement climatique – YouMatter, Clément Fournier, 27/03/2023
- Les engagements écologiques de Javry pour atténuer l’impact du café
- La voile au service d’un transport éco-responsable
- 10 applis pour consommer de manière plus responsable
- Le café de forêt, une culture vertueuse et bénéfique pour la planète
- Pourquoi proposer un café durable au bureau ?