impact de l'eudr sur le café

Loi contre la déforestation importée : ce qu’implique l’EUDR pour le café

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Elle est finalement repoussée d’un an : l’EUDR, cette réglementation européenne sur la « déforestation importée », ne sera en vigueur qu’à partir de 2026, et non plus 2025. Cette loi vise a lutter contre la déforestation et implique des enjeux et une préparation considérable ; tant pour les producteurs que pour les importateurs. Et les professionnels du café sont directement concernés !

Voici ce que l’EUDR implique pour des acteurs comme Belco, notre fournisseur de café vert, et surtout pour les producteurs et productrices.

L’EUDR, c’est quoi, dans les grandes lignes ?

Nous sommes les premiers à le rappeler : la déforestation a joué et continuer de jouer un rôle majeur dans la crise climatique. Elle impacte le cycle de l’eau, la fertilité des sols, et la castration du CO2.

Pour essayer d’agir concrètement et à l’échelle européenne, l’UE a développé une nouvelle réglementation visant à imposer une traçabilité et une transparence totale aux importateurs de certains produits identifiés directement sensibles vis-à-vis de la déforestation. Café, cacao, soja, huile de palme, boeuf, caoutchouc naturel…

    On parle d’EUDR, pour European Union Deforestation Regulation.

    Concrètement, un lot de marchandises ne pourra pas être mis en vente dans l’Union Européenne s’il ne remplit pas ces 3 conditions :

    1. Absence de participation à la déforestation au niveau de sa culture
    2. Respect de la législation pertinente du pays de production
    3. Déclaration de diligence raisonnée annuelle par son importateur

    Zéro déforestation

    Très concrètement, cela veut dire que le café (ou tout autre produit) a été cultivé dans une zone où l’on ne pratique pas la déforestation. Cela implique une traçabilité des lots à la parcelle près, et de suivre le changement du couvert forestier à plusieurs échelles.

    Législation du pays de production

    Ici, on s’assure que le café a été cultivé dans le respect des droits du travail et des droits de l’Homme et des peuples autochtones en vigueur. Mais aussi, en accord avec les lois sur la douane, la corruption, l’environnement….

    Le souci n’est alors pas temps de respecter ces législations, mais bien de fournir des justificatifs en attestant.

    Déclaration de diligence raisonnée

    Le nerf de la guerre en quelque sorte ! Une fois tous ces éléments étudiés et formalisés, l’importateur doit mettre sur pied une métholodogie regroupant

    • la collecte de ces données,
    • évaluation des risques,
    • mesures d’atténuation.

    Cette déclaration est à publier chaque année, et à conserver 5 ans : son objectif central est de prouver que le produit a un risque négligeable d’être non-conforme à l’EUDR.

    En clair, à partir de la mise en place de l’EUDR, les importateurs de café devront rendre des comptes sur leur traçabilité exacte et l’impact de leur production vis-à-vis de l’environnement.

    les exigences de l'EUDR

    En cas de non respect de l’EUDR, et en fonction du degré de violation du règlement, voici les sanctions encourues :

    1. amende proportionnée,
    2. confiscation du produit,
    3. confiscation des revenus,
    4. exclusion temporaire des marchés publics et révocation temporaire de l’accès aux financements publics,
    5. interdiction temporaire du marché.

    Qui met en place cette réglementation et comment ?

    C’est majoritairement à l’importateur / exportateur de réaliser ce travail. Pour les cafés Javry, c’est notre fournisseur Belco qui est directement concerné, et ils ont engagé un travail remarquable sur le sujet.

    Le producteur-caféiculteur n’est pas concerné (sauf s’il exporte lui-même son café) et le torréfacteur non-plus (sauf s’il est son propre importateur). Attention, ce dernier malgré tout pouvoir fournir les références des déclarations de diligence raisonnée de ses fournisseurs.

    Alors, comment vérifier concrètement que le café vert acheté et importé n’est pas lié à des activités de déforestation ou de dérèglement climatique ? Il s’agit notamment de :

    • Se procurer et analyser la bibliographique liées aux législations et accompagnement en place par le pays
    • Élaborer un questionnaire et un audit terrain auprés du fournisseur
    • Réaliser des analyses satellitaires pour vérifier l’évolution du terrain (par exemple, Global Forest Watch)

    C’est un sujet très complexe, rendu difficile par un accès à l’information parfois limité. Vous pouvez en trouver une version plus détaillée sur le site du Ministère Français de l’Écologie.

      Les enjeux spécifiques de l’EUDR et de la caféiculture

      Si la loi sur la déforestation importée concerne donc plusieurs produits, le café (qui nous intéresse tout particulièrement) engendre des questions spécifiques qui peuvent inquiéter producteurs et distributeurs.

      De manière très binaire, par exemple : les caféiers nécessitent des coupes et tailles pour la gestion de l’ombrage. Cela sera-t’il apparenté à de la déforestation par les analyses satellitaires ?

      Les petits producteurs pénalisés ?

      Là, le bat blesse davantage. Les petits producteurs indépendants (ceux que nous mettons en avant au travers de notre offre) n’auront pas forcément de quoi attester de la non-déforestation de leurs parcelles auprès des importateurs, même quand elles le sont.

      Ce sont donc hélas les plus à même d’être mis en difficulté, car sans pouvoir se conformer aux informations demandées, ils ne pourront plus vendre aux importateurs européens…

      qui sera impacté par l'EUDR dans la culture du café ?
      Awol Abagojam, caféiculteur en cours de cueillette

      L’Europe est le plus gros consommateur de café au monde, on vous laisse imaginer le manque à gagner pour ces caféiculteurs déjà souvent très précaires. Certains sourçeurs engagés, comme Belco, veilleront à les aider (et cela fait partie des projets que vous pouvez soutenir directement en achetants nos cafés responsables), mais cela pourra prendre du temps.

      Quel impact pour le consommateur ?

      Par ailleurs, ce grand chambardement dans la façon d’importer du café en Europe ajoute à la hausse généralisée du prix du café :

      • les lots achetés et dédouanés avant la date de mise en vigueur sont exemptes des contrôles EUDR = certains en font des grands stocks et faussent ainsi l’offre et la demande.
      • le nombre de cafés répondant aux normes sont limités et l’offre va donc se raréfier.
      • les démarches administratives de mise en place de l’EUDR sont coûteuses et ce coût devra être répercutés.

      Quand la loi contre la déforestation va-t’elle rentrer en vigueur ?

      Vous l’imaginez aisément, un chantier de cette envergure fut très long à mettre en place.

      La première date clef est le 31/12/2020. C’est la date-référence à partir de laquelle on va observer les possibles déforestations pour constater l’impact et analyse de conformité sur un produit importé. Si le produit a impacté la forêt avant, cela ne sera pas pris en compte.

      La date butoir initiale de mise en place était fixée au 31/12/2024 : à partir du 1er janvier, tous les importateurs de café devaient être 100% conforme à l’EUDR.

      Mais fin 2024, l’Union Européenne a annoncé le report d’un an cette mise en application, pour permettre aux entreprises un sursis pour se mettre en conformité. Ce sera donc finalement au 1er janvier 2026 que le café et les autres denrées concernées devront être EUDR-friendly… Si d’ici là, les lobby ne reculent pas encore l’échéance.

      Car si le sujet soulève parfois des soucis de mises en place, de hausse des prix, il ne faut pas oublier l’enjeu global : agir concrètement à l’échelle d’un continent pour lutter contre la déforestation.


      Pour aller plus loin

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