Les labels et certifications rythment nos vies de consommateurs. Lait BIO, cookies certifiés commerce équitable, café max havelaar, chocolat rainforest alliance… Ces petits logos nous aident à mieux comprendre l’origine et les conditions de production de nos achats.
Mais ces labels se valent-ils tous ? Lesquels sont intéressants quand on parle de café ? Et est-ce qu’un café sans label est intéressant quand même ? Aujourd’hui, on aborde tout ça !
Label et certification, est-ce la même chose?
Non, ce n’est pas tout à fait la même chose !
- Un label est une marque déposée
- il peut être créé par un organisme public aussi bien qu’une entreprise privée ou une association
- il ne nécessite pas forcément une validation externe et indépendante pour être apposé sur un produit (on parle de label auto-déclaratifs)
- Une certification est une procédure plus stricte
- elle est obligatoirement délivrée par un organisme de certification indépendant et impartial (comme Certisys ou Ecocert dans le domaine du BIO)
- cet organisme est accrédité par les pouvoirs publics et implique un audit annuel
On les confond souvent car il se matérialisent tous les deux par l’apposition d’un logo sur l’emballage. Et puis, par abus de langage, nous comprenons tous collectivement qu’ils font référence à un même fonctionnement (respecter un cahier des charges liés à un domaine précis pour obtenir/afficher le précieux logo qui guide les consomamteurs).
Les labels n’ont pas totalement la même sévérité en terme d’encadrement que les certifications, et cela les prédispose donc plus facilement à être utilisés à des fins de green-washing.
À qui se fier alors ?
Là où le bat blesse, c’est avec les labels mono-marques, développés ET contrôlés en interne. Nespresso affiche avec fierté son Programme AAA™, et Starbucks fait de même avec Pratiques C.A.F.E.
Or, ces labels n’engagent que les marques qui les imaginent ! Ils ne sont pas partagés par d’autres acteurs de leur milieu, et c’est là ce qui doit vous mettre la puce à l’oreille.
Comme l’accès au cahier des charges auquel ils répondent est difficile, nous sommes obligés de simplement croire le bienfondé de ce que la marque avance. Facile dans ces conditions d’orchestrer une belle opération marketing sans réel engagement derrière…
Certification / Label officiel | Label privé mais reconnu | Label ‘marketing’ auto-certifié | |
---|---|---|---|
créé par | une structure privée, publique ou associative | une structure privée, publique ou associative | une structure privée |
contrôlé par | un organisme indépendant accrédité par les pouvoirs publics | un organisme indépendant | la marque elle-même |
cahier des charges | accessible au consommateur | accessible au consommateur | difficilement accessible |
exemple | Eurofeuille BIO![]() | Fairtrade Max Haavelar![]() | Nespresso AAA![]() |
Les certifications et label pour le café durable
🇪🇺 Label BIO de l’Union européenne
La célèbre petite feuille verte entourée des étoiles de l’UE est entrée en vigueur en 2007. Ce label, très proche du AB français (pour Agriculture Biologique), implique que le produit :
- mentionne le nom de ces derniers ainsi que le code de l’organisme d’inspection.
- est conforme aux règles du système officiel d’inspection ;
- au moins 95% des composants sont issus d’une agriculture biologique ;
- provient directement de l’agriculteur / producteur (ou du transformateur agroalimentaire) dans un emballage scellé ;
🐸 Rainforest Alliance
Reconnu très facilement grâce à la petite grenouille de son logo, cette certification a été créée en 1987 par Daniel Katz, fondateur de l’ONG américaine Rainforest Alliance. En 2018, Rainforest a fusionné avec UTZ, pour proposer un nouveau standard commun renforcé en 2020.
Parmi les organismes qui la valident, on retrouv Preferred by Nature.
L’ONG a récemment annoncé une version simplifiée pour plus d’efficacité, réduisant le nombre d’exigences de 221 à 148. Effective en octobre 2025, elle allège les inspections de fermes et la documentation sur les salaires décents…
🔄 ROC – Regenerative Organic Certified
Il s’agit de la première certification d’agriculture régénérative au monde ! Assez récente, elle a été créée par un regroupement d’entreprises et d’associations, dont Patagonia
La certification est notamment réalisée par Ecocert, et se divise en 3 niveaux d’exigences. Être certifié Agriculture Bio est un pré-requis obligatoire pour avoir le label ROC.
On retrouve parmi ses critères, le fait de mettre en place au moins 3 pratiques régénératives actives parmi une liste prédéfinie :
- agroforesterie,
- mulching (tonte sans jeter l’herbe coupée),
- installation de barrières végétales
- …
💧 Swiss Water ®
Ce label concerne directement le café décaféiné (oui, c’est très précis !). Il atteste que les grains ont été décaféiné sans utilisation de produits chimiques, donc uniquement avec la méthode de décaféination à l’eau.
Cette dernière est un procédé breveté de décaféination du café qui repose uniquement sur l’utilisation de l’eau, de la température et de la filtration au charbon actif pour extraire la caféine des grains de café vert, tout en préservant les arômes et les huiles essentielles du café.
🌳 Forest Stewardship Council
Le FSC indique que le produit est issu de forêts vertueuses :
- engagées dans la protection de la biodiversité,
- respectueuses des peuples autochtones,
- avec un travail mené pour la réserve forestière, etc
Il peut notamment concerner les filtres en papier que vous utilisez pour vos cafetières à filtre !
Labels et certification pour le café équitable
Parlons maintenant de commerce équitable ! Le sujet est plus vaste, et vous pouvez croiser très nombreux différents labels. Il n’en existe cependant aucun qui soit public, mais les acteurs historiques du milieu sont certifiés par des organismes extérieurs reconnus et respectés.
🧡 Fair For Life

Fair For Life se base notamment sur les conventions de l’Organisation Internationale du Travail, mais exige également :
- la présence d’un fond de développement dédié aux producteurs,
- une durée minimum de 3 ans pour les contrats de travail,
- d’appliquer des prix supérieurs de 5 à 15% au prix moyen du marché,
- …
Le contrôle est fait par IMO Swiss AG, organisme accrédité par les autorités suisses.
🌍 Fairtrade / Max Haavelar

Le plus ancien (crée au début des années 90) c’est peut-être aussi le plus célèbre ! L’organisation regroupe quelques 26 ONG internationales, et représente 2 millions de producteurs et productrices réunis en près de 2000 organisations.
Leur engagement repose sur :
- des conditions de travail socialement et économiquement justes pour les producteurs
- des modes de productions respectueuses de l’environnement
C’est Flocert, organisme d’audit social certificateur, qui contrôle les candidats. Le label a engendré des déclinaisons au niveau du coton, de l’or, de la cosmétique…
👨🏼🌾 Symbole des Producteurs Paysans

C’est une initiative de la Fédération des Producteurs Latino-Américains qui a dorénavant des antennes partout dans le monde. Plusieurs organismes extérieurs sont accrédités pour donner la certification (Certimex, Mayacert, BCS, Biolatina, Tero, Imo Controlà…).
- Le café est la principale denrée produite par les producteurs SPP. On compte 73 organisations ou coopératives de caféiculteurs dans plus de 19 pays, soit 300 000 familles.
- Le SPP fixe un prix durable minimum du café lavé (revu à la hausse pour la dernière fois le 06/01/2025) pour garantir une juste rémunération à ses producteurs.
- Solidarité, autogestion, vie digne, production à petite échelle et commercialisation directe font partie de ses principes fondateurs.

🤝 Guaranteed Fair Trade Organisation – WTFO
Le label GFTO se distingue par son approche centrée sur l’ensemble des pratiques d’une organisation, plutôt que sur un produit spécifique. Le fonctionnement combine procédure d’auto-évaluation + audit externe de surveillance + évaluation entre pairs.
On retrouve aussi un mécanisme de suivi collectif pour dénoncer un manquement (Fair Trade Accountability Watch). La mutualisation des contrôles entre membres permet de rendre ce label accessible en termes financiers à de petites structures. Les principes à respecter ?
- Créer des opportunités pour les producteurs économiquement défavorisés,
- Pratiques commerciales équitables et juste rémunération,
- Interdiction du travail des enfants et du travail forcé
- Bonnes conditions de travail
- …
Pour mieux vous y retrouver lors de vos achats, vous pouvez vous reporter au guide La Boussole des Labels qui analyse 18 labels alimentaires et leurs cahier des charges ou consulter le site LabelInfo
Et les cafés non labellisés ?
Des coûts trop élevés
Au-delà de la cotisation annuelle qui permet d’arborer le label (on parle de coût de licence), remplir son cahier des charges entraîne parfois de profondes mutations qui peuvent être coûteuses. Certains petits producteurs ne peuvent nullement se les permettre… ce qui ne les empêche potentiellement pas d’être dans une démarche qui s’approche beaucoup des critères voulues.
C’est souvent le cas avec le label européen BIO : les agriculteur·ices en conversion biologique doivent attendre longtemps avant d’aborder la feuille verte, même s’ils sont dans les faits déjà 100% BIO…
Des conditions ‘trop’ strictes
Notre Malagua par exemple est inscrit dans une démarche d’agriculture liée à certification ROC évoquée plus haut. Mais cette dernière doit être appliqué à tous les acteurs de la chaîne pour pouvoir arborer le précieux logo : en temps que torréfacteur, nous ne sommes pas certifiés agriculture régénérative. Aussi, nous ne pouvons apposer ce label ROC sur nos paquets … même si sa production l’a été.
Ne jugez donc pas trop vite un café sans label ! D’autant que la profusion de logos « rassurants » peut nous pousser à une certaine fainéantise : si mon paquet de café a plein de logos verts et rassurants, alors sans doute est-il hyper bénéfique ? On cesse alors de creuser, de s’interroger ; on ne va pas plus loin dans la connaissance de ce qu’on achète… et c’est dommage !