achat combo

Polémique dans le monde du café : les achats « combo »

Depuis plusieurs semaines, une polémique fait parler d’elle dans le monde du café Fairtrade comme quoi de nombreux acheteurs feraient des achats « combo » afin d’éviter de payer les producteurs à un prix correct.

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Les acteurs du café équitable en parlent depuis plusieurs semaines: le scandale des achats de café « combo » refait surface. Certains acheteurs de café Fairtrade peu scrupuleux ne respectent pas les normes Fairtrade imposées.

En bref, leur technique est d’acheter une petite partie du café d’un producteur au prix Fairtrade et d’acheter le reste en dessous du prix imposé… Voyons ça de plus près !

Des producteurs qui vendent à perte

Avant d’entrer dans les détails, il est important de rappeler comment fonctionne le marché mondial du café : aujourd’hui, une grosse quantité du café produit dans le monde se vend via des bourses du café ce qui rend les prix (très) variables.

Le prix d’achat de la livre de café est établi en fonction de la bourse de New York pour l’arabica et la bourse de Londres pour le robusta.

Cela fait 5 ans que les prix ne font que descendre et les producteurs vendent donc à perte. La grande majorité de ceux-ci vivent dans des régions reculées et gagnent moins de 2 dollars par jour.

C’est pour cela que la plupart des producteurs (les plus pauvres) se mettent ensemble pour créer ce qu’on appelle des coopératives.

Le but est d’avoir plus de poids sur le marché et de défendre leurs intérêts. Malgré leurs efforts, ils n’arrivent quand même pas à s’en sortir…

Des organismes tentent donc de donner à ces producteurs des salaires décents en imposant certaines normes Fairtrade qui leur permettront de vivre de leurs récoltes.

courbe bourse de café
Courbe de la bourse du café arabica, en centimes de $ sur les 5 dernières années. On peut voir que le prix ne fait que descendre depuis 2015.

Qu’est-ce que le label Fairtrade ?

logo fairtrade

Le label Fairtrade est attribué par des fondations comme Fairtrade Belgium (en Belgique) ou Max Havelaar (en Suisse).

Celui-ci certifie que les produits ont été cultivés de manière durable et équitable. Il garantit également :

La traçabilité

Les cafés labellisés Fairtrade sont traçables depuis la ferme où ils sont produits jusque dans le rayon des magasins.

Dès le début de la production, les cerises de café Fairtrade sont séparées de celles qui ne le sont pas. Ensuite, durant tout le reste de processus elles ne seront plus jamais mélangées.

Cela permet de pouvoir suivre la route du café et d’effectuer des contrôles.

Le prix

Mais ce n’est pas tout, en plus de la traçabilité, le prix d’achat du café Fairtrade, certifié biologique, est défini sur base d’un prix fixe minimum (1,90 $ la livre).

Cela a pour but de permettre aux agriculteurs d’avoir un niveau de vie décent.

Donc, même si le prix de la bourse est en dessous de ce prix minimum, le producteur est assuré d’obtenir ce prix-là.

Cependant, si le prix en bourse dépasse le prix minimum, alors celui-ci sera revu à la hausse. En plus du prix d’achat, les producteurs reçoivent ce qu’on appelle « une prime Fairtrade ».

Celle-ci est généralement versée sur un compte séparé (la plupart du temps celui de la coopérative à laquelle l’exploitant appartient) et va servir à financer des biens communs comme un puits, une école dans la région ou l’achat de matériel pour aider à la production.

Le principe des achats combo

Seulement voilà, le 20 septembre dernier, Angel Barrera, coffee sourcing manager chez l’importateur de café français Belco, publie sur son compte Facebook un message qui dénonce une mauvaise pratique allant à l’encontre des règles Fairtrade : l’achat de café « combo ».

D’après lui, certains importateurs, torréfacteurs et courtiers industriels ne respectent pas les prix d’achat Fairtrade.

Ils utilisent ce qu’on appelle l’achat « combo », c’est-à-dire qu’ils achètent une partie du café au prix imposé, mais le reste est acheté en dessous (alors que les prix sont déjà très bas).

Les producteurs ont du mal à refuser de vendre leur café moins cher, car si eux ne le font pas d’autres producteurs le feront, ils sont donc un peu forcés d’accepter ces conditions…

Grains de café

Prenons un exemple concret chiffré d’un industriel qui aimerait acheter 3 containers de café à un producteur. Les prix appliqués doivent être les suivants :

  • 1 conteneur de café certifié biologique Fairtrade International au prix minimum de 1,90 $ la livre*.
  • 1 conteneur de café BIO devrait être autour de 1,30 $ la livre (avec la prime Bio).
  • 1 conteneur de café conventionnel devrait être autour de 1,10 $ la livre.

Cependant, l’industriel peu scrupuleux va proposer un achat combo au producteur. Il lui propose d’acheter son café Fairtrade au prix normal à condition d’avoir un rabais sur le café BIO et le café conventionnel. Les prix appliqués avec cet achat combo deviennent:

  • 1 conteneur de café certifié biologique Fairtrade International, au prix de 1,90 $ la livre.
  • 1 conteneur de café BIO au prix de 1,10 $ la livre (la prime Bio n’est pas respectée).
  • 1 conteneur de café conventionnel au prix de 1,00 $ la livre (ce prix peut descendre encore bien plus bas)

(source: Lettre ouverte d’Angel Barrera (prix du 20 septembre 2019))
*1 livre vaut approximativement 0,45 kg

En pratiquant de la sorte, l’acheteur ne ment pas en disant que son café Fairtrade a été acheté à un prix décent. Cependant, ce qu’il ne dit pas, c’est que le producteur est finalement lésé car il doit vendre ses autres cafés à perte.

La réponse de Max Havelaar

L’équipe du site CaféMag a contacté Max Havelaar pour en savoir un peu plus. L’organisme leur a répondu qu’ils étaient au courant et qu’ils mettaient tout en oeuvre pour lutter contre ces mauvaises pratiques.

Les entreprises commercialisant des produits certifiés Fairtrade sont contrôlées par l’organisme Flocert.

Celui-ci sera également passé en examen pour vérifier qu’il répond « aux normes les plus strictes d’indépendance et de rigueur » en matière de jugement de ce qui est Fairtrade ou pas.

Enfin, Max Havelaar demande à toute personne soupçonnant des pratiques allant à l’encontre des bonnes conduites de les contacter afin d’effectuer des contrôles.

Qu’on se le dise ce scandale autour des produits Fairtrade va obliger les organismes à approfondir leurs contrôles et à être beaucoup plus vigilant !

Et Javry dans tout ça ?

Notre vision du sourcing du café est assez différente. En effet, nous voulons que notre café soit le plus traçable possible tout en établissant des relations de confiance et sur le long-terme avec les producteurs.

Nous avons choisi de ne pas passer par la bourse et de définir un prix fixe annuel pour que les agriculteurs aient un salaire décent fixe, peu importe les fluctuations boursières.

De plus, nous visons à établir des relations sur le long-terme avec les producteurs afin de les aider dans la culture de leur café et la préservation de la biodiversité et des terres afin que leur activité soit durable.

Si vous voulez en savoir plus, jetez un oeil à notre article: le sourcing de café vert chez Javry.

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